La médiation professionnelle est volontiers décrite comme la profession du XXIème siècle. Elle a en effet pour principe de fonctionnement le développement de qualité relationnelle. Tout est relation. L’homme est relation. Mais les sources de conflit sont nombreuses.
Parce que nous ne voyons pas le monde de la même façon, parce que nos intérêts sont parfois divergents et surtout parce que nous n’apprenons jamais, nulle part, à être en relation. L’école nous enseigne le Français et les Mathématiques. Nos parents nous apprennent le langage et les règles de politesse. Mais personne ne nous apprend à être en relation avec les autres.
C’est tout l’enjeu de la médiation professionnelle qui vient combler ce manque, rendre à l’humain toute sa place et amener dans nos vies l’apaisement et la liberté.
L’apaisement
Les conflits nous épuisent, ils rendent notre vie difficile. Ils nous amènent à prêter des intentions à l’ »adversaire » qui nous veut forcément du mal, donc à nous méfier en permanence. Le biais cognitif connu sous le nom de biais de confirmation nous amène à tout interpréter comme marque supplémentaire de ces mauvaises intentions. Les conflits nous contraignent, aussi : je ne veux pas « le » ou « la » croiser, donc je change de trottoir, de couloir, de pièce, je renonce à participer à une réunion…
Les conflits sont également source de somatisation. Ils peuvent se manifester par des douleurs (notamment dorsales), des maux de tête, ils peuvent aussi nous empêcher de dormir.
Quand nous décidons de les traiter par la voie judiciaire, nous savons que le chemin sera long. Nous savons aussi qu’il sera couteux. Nous savons enfin que son issue est incertaine. Notamment parce que nous le connaissons mal. Ou trop bien.
La liberté
Le conflit nous obsède et nous enferme. Dans nos pensées qui deviennent ruminantes, dans nos déplacements, dans nos gestes, dans nos interprétations.
Par la voie judiciaire nous remettons le sujet entre les mains d’un tiers dont la décision sera à la fois contraignante et insatisfaisante. Contraignante puisqu’elle a « force de loi » et insatisfaisante parce qu’elle peut m’être partiellement ou totalement défavorable. En outre, elle n’est pas toujours simple à mettre en œuvre.
A l’inverse, l’humain est au cœur de la médiation : les décisions sont prises par les personnes concernées, en toute liberté, en toute connaissance de cause, sans soumission à une quelconque autorité technique ou judiciaire. La sortie de conflit se fait par le dialogue redevenu possible, même si c’était parfois très improbable au début. Mes clients se surprennent eux-mêmes par leur faculté à retrouver une relation apaisée. C’est un beau chemin.
Qu’est-ce que la médiation professionnelle ?
La médiation professionnelle est un processus structuré qui vise à rétablir la qualité relationnelle. Elle permet donc notamment la résolution des conflits. La dynamique générale de l’accompagnement est en lien avec la dimension émotionnelle présente dans chaque conflit. Quand l’émotion prend le dessus sur la raison, parce que les enjeux sont importants pour nous, parce que nos valeurs sont bafouées, parce que nous ne nous sentons pas respectés, l’émotion nous submerge et le conflit trouve le terreau fertile de son éclosion.
Le processus de médiation
Le médiateur va travailler avec les parties en conflit dans le cadre d’un processus en deux temps. Ce processus vise à éclairer les parties, deux ou davantage, sur les mécanismes à l’œuvre dans leur conflit, afin de pouvoir le résoudre.
Première étape : faire la lumière
Les protagonistes ont subi certains comportements, certaines paroles. Mais ils en ont également produit. Souvent inconsciemment, parfois malgré eux, souvent avec de bonnes intentions, généralement par maladresse ou ignorance des effets qu’ils allaient induire. C’est en faisant la lumière sur tous ces éléments de communication, volontaires ou involontaires, que le médiateur aide ses clients à prendre conscience de ce qui les empêche d’être en relation apaisée. Cette première partie de la médiation trouve son cadre dans des entretiens individuels confidentiels. En synthèse, elle va permettre de mettre à jour les composantes de la relation conflictuelle et de poser un cadre de confiance par engagements mutuels à abandonner ces comportements et pensées toxiques lors de la réunion de médiation.
Deuxième étape : élaborer une solution
Le cadre mis en place lors de la première étape va rendre possible la réunion des parties. Ce que certains appellent « l’inimaginable discussion ». Lors de cette réunion, les personnes bénéficiaires de la médiation vont décider d’un commun accord de la forme que prendra leur relation à l’avenir.
Les 3 issues possibles sont :
- Reprise de leur relation telle qu’elle était avant le conflit ;
- Reprise de leur relation moyennant des aménagements ;
- Rupture consensuelle de leur relation (ce qui est très différent d’une rupture unilatérale).
Cette réunion finale et cette discussion sont permises par les entretiens individuels, par les prises de conscience qu’ils ont provoqué et par les engagements pris par chacun de ne pas produire ou dire ce qui donnerait à nouveau prise au conflit.
Le rôle du médiateur
Le médiateur est garant du processus. Il permet la compréhension des mécanismes (perceptions, réflexions et expressions) qui ont provoqué l’émergence du conflit et l’ont nourri. Il obtient des protagonistes, grâce au processus, des engagements de respect des règles de qualité relationnelle et il s’assure que ces engagements sont tenus.
En revanche, à l’image du coach, il n’est absolument pas partie prenante de la résolution du conflit et des décisions prises par ses clients. Il respecte les mêmes règles de posture :
- Impartialité vis-à-vis des parties ;
- Neutralité par rapport aux solutions mises en œuvre ;
- Indépendance (morale, religieuse, politique, financière…) ;
- Application d’une charte déontologique stricte prévoyant notamment la confidentialité des échanges.
En synthèse, la voie judiciaire coûte, dure et déresponsabilise. La voie de la médiation permet de comprendre les mécanismes et la source du conflit, de reprendre la main et de trouver l’apaisement.